Propos insignifiants
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 Podium par Nicolas d'Estienne d'Orves

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LP de Savy
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MessageSujet: Podium par Nicolas d'Estienne d'Orves   Podium par Nicolas d'Estienne d'Orves Icon_minitimeMer 12 Oct 2005 - 13:02

Lâchez tout autre livre, abandonnez les pensums égotistes, les confessions impubères, les sagas interminables –servez-vous en pour caler une commode ou allumer un feu – et précipitez-vous chez votre libraire acheter Podium de Yann Moix. On l'annonce déjà comme l’un des livres phares de cette rentrée littéraire, et sa couverture médiatique va sans doute faire grincer bien des dents mais, force est de le constater, Podium est un excellent livre (et, dans son genre –unique- un chef-d’œuvre) ; il est de ceux qu’après avoir fini, on rouvre, picore, butine, par gourmandise et presque à regret de l’avoir si vite achevé.
Surtout, Podium est l’un des livres les plus drôles de ces dernières années ; car il devient rarissime, à la lecture d’un roman, d’éclater de rire tout haut, sans gêne, au risque de réveiller ses voisins. L’histoire ? celle d’un faux, d’une copie. Bernard Frédéric n’a eu qu’une passion dans sa vie : Claude François. Au point de s’y identifier, de le ressusciter. « Bernard Frédéric », « Claude François : ce sont des appellations différentes pour un seul et même phénomène », écrit le héros. Le métier de Bernard Frédéric ? Sosie. Depuis plus de quinze ans, il arpente foires aux bestiaux et fêtes des œillets, Bricorama et Monsieur Meuble, pour chanter (sans play-back, s’il vous plaît) les plus grands succès de Claude François.
Hélas, la concurrence est rude. Car les sosies de Claude sont nombreux, et agressifs. Sans compter qu’un comité de vigilance surveille d’un œil dubitatif les équipées de Bernard Frédéric, rebelle à tout embrigadement, qui a toujours refuser de se faire avaliser comme sosie officiel de Clo-Clo.
De plus, le caractère de Bernard est changeant, pour ne pas dire imprévisible. Son grand défaut ? La pingrerie. Il n’invite ses amis à dîner que dans les restaurants « à volonté », et vide la cuisine par simple plaisir d’en avoir « pour son argent ».
Enfin, les soirs de cuite, il se livre parfois à des Sardonnades : avec d’autres clo-clo, ils vont « casser la gueule » à des sosies de Michel Sardou…
On l’aura compris : l’auteur fin, lyrique et écorché de Jubilations vers le ciel et d’Anissa Corto nous plonge dans le burlesque et la démesure, exhibant ainsi l’infinie palette de son talent. Car il en fallait, du talent, pour tenir près de 400 pages d’une histoire hallucinante de drôlerie et de vérité, qui reste l’un des documents les plus décapants sur la province française. Rarement Moix est victime de son système, restant avant tout romancier ; et si parfois il cabotine, ce n’en est que plus drôle, car toujours il retombe sur ses quatre pattes, prouvant qu’il est bien plus renard que son lecteur et qu’il tire toutes les ficelles de son épopée.
De plus, l’auteur émaille son texte de références, de clins d’œil. Le parcours de Bernard Frédéric est ainsi présenté tant comme une passion christique qu’un nanar des années 1970. Ici, nous sommes à la croisée de Michel Audiard, San Antonio… et Charles Péguy.
De sérieux exégètes vont sans doute y trouver une vision noire et cinglante des vanités contemporaines, un constat désespérant du besoin de célébrité ; nous préférerons plutôt une fresque rabelaisienne, énorme, scatologique, grandiloquente, réjouissante quoique tragique, qui procure un bonheur de lecteur unique. Et c’est là bien l’essentiel.

Nicolas d’Estienne d’Orves, Spectacle du Monde, septembre 2002.
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LP de Savy
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MessageSujet: Re: Podium par Nicolas d'Estienne d'Orves   Podium par Nicolas d'Estienne d'Orves Icon_minitimeMer 12 Oct 2005 - 13:04

Un autre article sur Podium :

Le sosie de Yann Moix

Avec le portrait d'un fan de Claude François, l'écrivain compose un vulgaire... sosie de roman.
PODIUM de Yann Moix. Grasset, 388 p., 20 € .

C'est une histoire de sosie. La biographie d'un sosie de Claude François, chanteur mort en 1978, mais qui a toujours ses fans.

On s'attend donc à plonger dans un énorme bain de nostalgie des sixties et seventies à la française. Yann Moix est en effet imbattable sur le showbiz de l'époque, comme en témoignent, outre les 332 pages de la désastreuse existence de son héros, Bernard Frédéric – profession : sosie de Cloclo et cloclomaniaque absolu –, les 50 pages d'annexes. On consultera tout particulièrement le "Que sont-ils devenus ?", liste de vedettes éphémères du siècle dernier...

Nous voilà donc, sous le signe de Podium, un journal de l'époque, dans un roman fait tout exprès pour quinquagénaires en mal d'adolescence – ce qui fait beaucoup de monde, car les lecteurs potentiels sont les enfants du baby-boom... C'est ainsi que dans les premières semaines de septembre, juste après la sortie du livre, Yann Moix s'est beaucoup promené dans les chaînes de télévision, où l'on était si heureux de montrer des documents d'archives sur Claude François. Cette indigestion d'Alexandrie, Alexandra et autres Téléphone pleure dispensait évidemment de lire ce gros livre.

"Génie. C'est un mot. Ça veut dire quoi exactement ? Si un show cartonne, je suis un génie, sinon je n'en suis pas un", dit Bernard Frédéric spécialiste des pensées profondes – chaque chapitre possède, en exergue, l'une de ces pensées... On ne sait pas encore si le show nommé Podiumcartonne vraiment, mais ce qui est certain, lorsqu'on arrive – péniblement – au bout du récit, c'est qu'il a été écrit par un sosie de Yann Moix. Un type qui ne sait pas qu'un écrivain, même lorsqu'il met en scène des personnages très vulgaires, parvient à s'exempter, lui, de la vulgarité.

Or, ici, en dépit de quelques beaux morceaux de bravoure, notamment un sur la colère (p. 290-292), on est étouffé par un véritable torrent de vulgarité. Leur auteur est-il donc tellement convaincu que les pauvres gens soient si affreusement répugnants dans leurs propos et leurs attitudes ?

Yann Moix voulait décrire cet univers sinistre de banlieues où il n'y a même pas un McDo, presque trop chic, mais plutôt un Flunch, ces cafétérias d'autoroute où "les clients plantent leurs cigarettes dans le ketchup. Les enfants prennent dix fois trop de sauce tomate. Les routards lèchent leurs assiettes jusqu'à la dernière molécule. On connaît les gens par leurs restes." Un monde où le rêve de célébrité ne peut pas aller au-delà de réussir à être un bon sosie. Mais il a fait du piteux Bernard Frédéric un personnage absolument dégoûtant, hurlant, crachant, jurant. On se demande ce qui a pu entraîner Moix – ou plutôt son sosie – à forcer ainsi la caricature, en particulier dans la scatologie. On craint que ce ne soit un intense mépris social, dont la violence ne peut que susciter le malaise.

Josyane Savigneau

Le Monde du 25/10/02
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MessageSujet: Re: Podium par Nicolas d'Estienne d'Orves   Podium par Nicolas d'Estienne d'Orves Icon_minitimeMer 12 Oct 2005 - 13:06

... du ressentiment et de la jalousie, mais qui manque sa cible :

Yann Moix, né à Nevers, sort un livre qu'il a voulu tube, très fort, et qu'il aimerait qu'on consomme, qu'on aime comme il l'a aimé lui, car vraiment c'est une bonne idée que de raconter la vie d'un sosie de Cloclo. Le problème c'est que l'auteur a sur-écrit d'un bout à l'autre son dernier roman, se noyant dans son intrigue-fleuve comme les lecteurs s'y embourberont. L'Ecole des fans avait son émission télévisuelle ringarde et pathétique, le roman possède aujourd'hui son icône naze et mégalo de littérateur autarcique. Yann Moix par ses syntagmes et son style lourdingue a le don rare de rendre la littérature indigeste. Sur deux cents pages, on avait déjà du mal à le suivre dans ces histoires d'amour ratées à mi-chemin de la folie. A plus de quatre cent on dépasse des sommets. Et on en redescend mal.

L'impatience était sincère pourtant. Un écrivain spécialiste des psychoses de l'enfance, du culte du " moix " et des " private joke " personnels s'attaquant à la kitscherie chansonnière , ça pouvait sembler prometteur. On se prenait à rêver de paillettes, talonnettes et Claudettes, mais las : Moix nous offre un ovni littéraire sans consistance, un vague roman qui à vouloir trop démontrer, en a oublié qu'il ne racontait plus rien

La préface lisible sur grasset.fr donne immédiatement le ton, et c'est malheureusement là son rôle. Entre la légendaire légèreté de ses chroniques sur Europe1 et la grâce de ses courbettes de fin de semaine sur VSD, l'écrivain sourcilleux écrit à Claude François. Il lui parle d'Evelyne Thomas et de Star Academy pour démontrer ce qui n'intéresse déjà plus aucun commentateur depuis Loft Story 1. Histoire de montrer qu'à défaut d'être dans son temps, il n'en est pas très loin. On a l'impression même de se voir commenter dans le désordre un véritable tiercé du just has-been. Moix soudain, c'est de la nostalgie immédiate, une réflexion rapidement réchauffée comme un café de la veille, et l'on se demande bien ce que l'auteur a voulu solder ici, tant on peine à croire qu'il se soit imaginé créer la mode d'un pas en arrière.

Analyser le phénomène des fans était pourtant une bonne idée en théorie mais Moix n'a pas su y installer une distance nécessaire. On sent très nettement à la lecture que monsieur Anissa Corto a jubilé vers le ciel en jetant ses blagues sur le manuscrit. Mais ce plaisir narcissique qui flatte certainement le passé de l'auteur et amuse ses proches oublie de se tourner vers les autres. Le lecteur se sent exclu du show en patte d'éléphants.

N'est pas Audiard qui veut. Cette démonstration, l'apprenti dialoguiste qui espère voir son beau roman, sa belle histoire adaptée au cinéma l'apprend à nos dépends. Yayann et Cloclo sont sur un bateau. L'un y restera. L'autre sans doute pas.

PS : Il paraît qu'Antoine Decaunes veut lui aussi faire un film sur Cloclo et on se dit que lui ou José Garcia ont peut-être plus d'atouts, d'insolence, d'impertinence et de légèreté pour tailler un costard à Monsieur François. Voilà.


Frédéric Vignale


Merci à Romuald qui a posté cette article sur la version précédente de ce forum.
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