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 Le musée intime d'Ernest Hemingway

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LP de Savy
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Le musée intime d'Ernest Hemingway Empty
MessageSujet: Le musée intime d'Ernest Hemingway   Le musée intime d'Ernest Hemingway Icon_minitimeSam 13 Aoû 2005 - 12:00

La maison de l'Idaho où l'écrivain américain se suicida devrait être prochainement ouverte aux visites du public.

Ernest Hemingway, son musée intime

Ketchum (Etats-Unis) : de notre envoyée spéciale Guillemette Faure
[12 août 2005] Le Figaro

«Monsieur Hemingway s'est tué accidentellement à 7 h 30 du matin en nettoyant un fusil.» Le 2 juillet 1961, Mary Hemingway, la quatrième épouse de l'écrivain, refuse de parler de suicide. La police locale, pour ne pas heurter, parle d'un coup auto-infligé. C'est ici dans les Rocheuses qu'Ernest Hemingway a passé les trois dernières années de sa vie. Et c'est dans cette petite entrée de bois qu'au petit matin, il s'est tiré une balle dans la tête.

Cet accès du grand chalet de bois est aujourd'hui condamné. «Après la mort d'Ernest, Mary ne voulait plus la franchir et utilisait une autre entrée», explique Matt Miller, de la Nature Conservancy, l'association de protection de la nature dans laquelle Jack, le fils aîné d'Ernest, était très engagé et à qui Mary a légué la maison.


Aujourd'hui, avec l'accord de la Hemingway House Foundation, formée il y a deux ans pour restaurer les lieux, l'association voudrait ouvrir la dernière maison de l'écrivain au public. «C'est un trésor. J'espère que le public aura la chance de la voir. L'endroit parle tellement de ce qu'Hemingway aimait», se réjouit Susan Beegel, docteur en littérature de Yale et éditrice de The Hemingway Review pour l'Idaho Society.

Le cinéma, par exemple. Dans cette même petite entrée, Hemingway avait fait installer une petite étagère pour poser son projecteur. Un petit rectangle a été découpé dans le mur pour laisser passer les images jusqu'à un grand écran déroulé dans le salon. A l'étage, dans la chambre d'amis, une machine à écrire est posée sur une commode face à la fenêtre. C'est de là qu'il écrivait, ou plutôt qu'il souffrait de ne plus arriver à écrire.


Difficile d'imaginer que Mary, dans ce chalet, a survécu trente-cinq ans à la mort de son époux : la maison semble s'être pétrifiée en 1961, l'année des magazines qui traînent dans les bacs à journaux. L'un d'eux parle de l'échec de l'attaque de la baie des Cochons le 21 avril, le jour où Hemingway réalisa qu'il ne pourrait plus retourner à Cuba et tenta une première fois de se donner la mort. Deux malles de La Havane sont encore là, une dans le salon, une à l'étage. Les raquettes de neige d'Ernest sont posées le long de la cheminée.


Derrière une vitrine autel, une bouteille de Vichy, une de saint-émilion, un appareil photo, des cartouches de chasse. Un croquis d'Hemingway par Picasso tient sur le mur par quatre punaises. Mary a-t-elle délibérément transformé la maison en musée ? Dans le village, un homme détient la réponse. On ne connaît que son surnom, Johnny One Note, chargé par Mary d'entretenir la maison jusqu'en 1985. Il passe encore régulièrement feuilleter la presse à la bibliothèque du village, mais refuse de parler de la maison des Hemingway.


A Ketchum, on est habitué à respecter les voeux de réclusion des «rich and famous» qui s'y sont installés. Avec ses lupins, son herbe folle qui court sur six hectares jusqu'à la Big Wood River, l'ex-propriété d'Hemingway représente la plus grande surface non développée du comté. C'est pour cette tranquillité sauvage que des voisins se sont établis dans le quartier, et c'est pour cette raison encore qu'ils n'ont aucune envie d'être dérangés par des transhumances touristiques et se sont opposés à l'attribution d'un permis touristique à la fondation. La ville a tenu des réunions publiques sur le sujet, touchant des cordes très personnelles. Partisane de l'ouverture de la maison, Mariel, la petite-fille d'Ernest qui tient une école de yoga à Ketchum et copréside la fondation. Dans le camp d'en face, les Anderson, voisins et amis des Hemingway, qui ne veulent pas entendre parler d'une ouverture au public, pour des questions de trafic dans le quartier, comme de protection du souvenir (Dan Anderson, un mois avant la mort d'Ernest, lui avait retiré un fusil des mains).


Les deux parties s'accordent sur un point : éviter de reproduire en Idaho le «carnaval» touristique de la maison d'Hemingway dans les Keys de Floride, qui accueille les visiteurs par centaines. A Ketchum, la Nature Conservancy, qui compte Tom Hanks à son conseil d'administration, propose, elle, de limiter les visites à des petits groupes d'universitaires ou d'étudiants. Autre piste de compromis : les voisins de Ketchum ont suggéré de payer le déménagement de la maison loin de chez eux. Inenvisageable pour la fondation. Comment apprécier les lieux sans leur cadre ?


Et comment détacher Hemingway de son environ nement ? C'est dans les années 1930 qu'il était venu dans cette vallée de l'Idaho pour la première fois. Le génie publicitaire derrière le lancement de Sun Valley tablait sur le brouhaha de célébrités pour faire connaître sa station de ski. Hemingway, le bon vivant, fut invité. C'est dans la chambre 206 de la Sun Valley Lodge qu'il vint finir l'écriture de Pour qui sonne le glas. Il y revint régulièrement. Dans les couloirs de l'hôtel, entre des photos de Louis Armstrong et de Marilyn, une photo le montre partant à la chasse aux canards avec son compère Gary Cooper, une amitié qui date du tournage de L'Adieu aux armes.


En 1959, il s'y achète une maison pour y vivre avec sa quatrième épouse. Une lettre est encadrée sur un mur du lodge. Datée du 15 juin, elle est adressée à Fritz, le jeune fils malade de son médecin. Hemingway lui écrit de la clinique Mayo du Minnesota : «J'espère qu'on pourra bientôt blaguer ensemble de nos séjours à l'hôpital.» Il est interné pour dépression. Cela fait plusieurs mois que ses amis le trouvent changé, colérique, paranoïaque convaincu d'être surveillé par les espions du FBI et de la CIA. Il n'avait pas complètement tort, réalisera-t-on plus tard. Chris Milspaugh, historien de la bibliothèque de Ketchum vient de récupérer le dossier du FBI et de la CIA d'Hemingway. Il sort d'un tiroir des centaines de pages caviardées qui montrent qu'on se préoccupait dès les années 1930 de ses liens avec les communistes, après son engagement dans la guerre d'Espagne auprès de la Lincoln Brigade, puis, à la fin de sa vie, de ses attaches à Cuba où il avait été vu bavardant quelques minutes avec Castro. Un des derniers documents date de sa dernière hospitalisation : c'est une lettre du FBI indiquant que l'écrivain est probablement à la clinique Mayo sous un faux nom.

Dans le petit cimetière du village, sa pierre tombale est couverte de pommes de pin. On y a posé un bouquet de roses. Parfois, paraît-il, c'est une bouteille de scotch. Ketchum et la limitrophe Sun Valley préparent un festival Hemingway qui s'y tiendra en septembre. La maison d'Hemingway ne sera probablement toujours pas ouverte au public à cette date. Au festival, on évoquera sa mort mais personne, promet-on, ne prononcera le mot suicide.
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