Milan Kundera par Benoît Duteurtre

C'est Benoît Duteurtre qui a chroniqué "le Rideau" pour l'hebdomadaire Marianne (numéro du 9 au 15 avril). Le titre de la critique est "Kundera, si libre de ses racines", suivi de l'accroche : "Dans "le Rideau", l'écrivain explore, en compagnie de ses auteurs favoris, cet art à part entière qu'est pour lui le roman".

Je n'ai lu pour le moment que trois parties parmi les sept proposées par Milan Kundera pour explorer le roman à travers ce Rideau déchiré..
Au même titre que Les testaments trahis, sur lesquels il revient et au risque de me répéter, cet essai est épatant de pédagogie, fourni sans cesse d'arguments et d'exemples précis et détaillés.
Kundera n'est pas de ceux qui balancent leurs idées comme des armes, sans les démontrer.
C'est un bouquin à lire d'urgence par tous les littérateurs, écrivains, étudiants en lettres, profs de lettres, etc.. Il donne envie de lire tous les écrivains dont il parle, tous les livres qu'il commente et explore dans les moindres détails sans nous ennuyer une seconde.
Ses subtiles remarques parsement l'essai de pointes d'humour cynique et orienté, ainsi, à propos de Fielding, et mis entre parenthèses pour faire de sa remarque une discrète indiscrétion : "Il n'aurait pas cru que la banalité pût devenir un jour un grand sujet de roman" (p. 27).
Un passage d'Anna Karénine est expliqué de façon brillante et pédagogique : moi qui ne l'ai pas lu, j'ai non seulement compris l'enjeu du texte, mais eu envie de le lire !
Pour résumer, l'essai de Kundera est passionnant et percutant, à l'image de ses romans. A lire d'urgence.

Un exemple choisi dans Le rideau :

Sainte-Beuve écrit à propos de Madame Bovary : « Le reproche que je fais à son livre, c’est que le bien est trop absent ».

Je n'ai pas réussi à placer cette citation dans un article en cours (quasiment terminé d'ailleurs), alors, comme elle traîne dans mon disque dur, je la recopie ici.